Contamination de l’eau potable : le scandale du chlorure de vinyle monomère (CVM) découvert à Angers

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Un nouveau scandale sanitaire secoue la France. Selon une étude alarmante publiée le 16 janvier 2025 par Gaspard Lemaire, doctorant en science politique à la Chaire Earth de l’université d’Angers et enseignant en droit de l’environnement à Sciences Po, des centaines de milliers de Français seraient exposés à des niveaux de chlorure de vinyle monomère (CVM) supérieurs à la norme européenne de 0,5 μg/L. Ce gaz, classé cancérogène par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), provient principalement des canalisations en PVC installées entre les années 1960 et 1980.


Une contamination héritée du passé industriel

Dans les années 1960, le PVC était présenté comme un matériau révolutionnaire et durable pour les réseaux d’eau potable. Les fabricants, conscients de la toxicité du CVM, auraient cependant passé sous silence ses effets nocifs. Malgré les alertes scientifiques d’alors, des canalisations contenant des résidus de CVM ont été massivement installées à travers le pays.

Lorsque l’eau circule dans ces conduites contaminées, elle s’imprègne progressivement de CVM. Même à très faible dose, cette substance peut augmenter le risque de cancer, comme l’ont confirmé à plusieurs reprises les agences sanitaires françaises.


Des révélations tardives et un manque de données

Bien que la limite réglementaire de 0,5 μg/L soit en vigueur dans l’Union européenne depuis 1998, la France n’a engagé sa première campagne de détection systématique qu’en 2011. Les données recueillies demeurent par ailleurs très incomplètes, laissant planer le doute sur l’étendue réelle de la contamination.

« L’État français n’a pas respecté ses obligations en matière de prévention des risques », dénonce Gaspard Lemaire.
Il souligne notamment que les autorités publiques auraient minimisé le problème, ne fournissant pas d’informations suffisantes aux consommateurs.


Un scandale à l’échelle nationale

De nombreuses communes dépasseraient encore aujourd’hui les seuils autorisés. Les habitants, rarement informés, continuent ainsi de boire une eau susceptible de nuire à leur santé.

Gaspard Lemaire qualifie cette situation de « scandale sanitaire majeur ». Il incrimine la lenteur de réaction à plusieurs niveaux :

  • Les industriels, qui ont dissimulé la toxicité du CVM.
  • L’Union européenne, jugée trop tardive dans l’établissement de normes.
  • L’État français, qui n’a pas engagé de mesures de prévention suffisamment strictes.

Des pistes pour sortir de la crise

Pour le chercheur, il est urgent d’agir. Les priorités incluent :

  1. Le remplacement progressif des canalisations en PVC présentant des résidus de CVM, malgré le coût colossal de cette opération.
  2. Une surveillance renforcée de la qualité de l’eau, pour mieux détecter et quantifier la contamination.
  3. Une information transparente des citoyens, afin qu’ils puissent prendre les précautions nécessaires en attendant la mise aux normes du réseau.

Alors que les connaissances scientifiques progressent sur les effets du CVM, la question demeure : combien de temps faudra-t-il encore aux pouvoirs publics pour protéger efficacement la population d’un risque identifié depuis plus d’un demi-siècle ?